mardi 3 septembre 2013

Interview de Michel Pradeau - Le republicain 30/05/2013


Daniel Benquet, votre décision est prise, vous êtes candidat à l’élection municipale des 9 et 16 mars 2014 ?
«Oui, après mûre réflexion, j’ai accepté de conduire une liste aux municipales sur Marmande pour trois raisons. Premièrement, j’ai le sentiment que l’opposition municipale, cette fois, a su tirer tous les bénéfices des erreurs passées pour enfin mettre en place une alternance crédible. Deuxièmement, il est temps que Marmande change d’équipe. Troisièmement, sur un plan familial et professionnel, je me suis organisé pour cela».

Qu’est-ce qui vous fait dire que cette fois sera la bonne ?
«Les erreurs du passé vont porter leurs fruits. Personne ne souhaite revivre une crise d’ego ni un affrontement de clans comme on les a connus. Les militants et les sympathisants n’attendent qu’une chose aujourd’hui : avoir un chef qui sache faire la synthèse des années passées pour mieux incarner
la victoire demain».

La droite ne doit ses défaites qu’à elle-même, vous l’avez éprouvé par deux fois, jamais l’union n’a pu se faire !
«Les conditions sont différentes. En 1995, nous perdons de 177 voix, en 2004 de 180 voix. La campagne en 2004 a été courte, les élections se sont déroulées dans un climat délétère, je n’y reviendrai pas. (NDLR : un des colistiers de Daniel Benquet a été soupçonné à tort de pédophilie quelques jours avant le premier tour de scrutin). Mes électeurs savent que je sais m’organiser, que je sais tenir tête à la majorité. Ils savent que j’ai pris du recul mais que mon intérêt pour la ville reste intact. Je ne suis pas le sauveur de la droite locale, je compte fédérer un espoir».

Vous dites savoir vous organiser mais votre élection au conseil municipal en 2005 a été invalidée par décision du tribunal!
«Je n’ai jamais fait appel tellement j’étais écoeuré. Je vous rappelle que l’invalidation de mon élection a reposé sur une erreur d’écriture constatée dans mes comptes de campagne. Il était possible d’engager des dépenses avant la nomination d’un mandataire financier à condition qu’elles restent de l’ordre du raisonnable. J’ai effectivement pris sur mois de louer le local de campagne sur mes propres deniers, 900€, une somme que nous jugions
raisonnable sur les 13.000€ qu’aura coûté la campagne. La commission de contrôle ne l’a pas vu ainsi. La jurisprudence m’avait donné raison, mais j’ai préféré jeter l’éponge. J’ai eu un sentiment d’injustice et de ras-le-bol».

Mais la politique est une perpétuelle bagarre !
«Non, on peut la vivre sans s’entredéchirer. J’ai mes qualités
et mes défauts, mais je suis quelqu’un de modéré et c’est en ce sens qu’il faut véritablement changer de gouvernance sur Marmande ».

Gérard Gouzes est à nouveau votre adversaire. Vos amis parlent du mandat de trop. Qu’en dites-vous ?
«Je considère que les mandats rallongés ne sont pas favorables aux administrés. Un mandat
renouvelé une fois devrait suffire. Un premier pour réformer en profondeur, un deuxième pour prendre s’il le faut des décisions impopulaires dont la collectivité a besoin mais qu’on s’interdit lorsqu’on a la perspective d’un nouveau mandat».

Beaucoup reconnaissent que Marmande a évolué sous Gérard Gouzes, pourquoi l’électeur changerait-il de maire ?
«Mais quelle ville n’a pas changé? La loi de décentralisation adoptée dès 1983 donnait de nouvelles prérogatives aux maires avec une liberté d’emprunter leurs travaux. A partir de 1983, toutes les villes ont engagé des programmes de rénovation, de modernisation, ce qu’a fait Gérard Gouzes. Ce qu’il faut voir c’est qu’avec ce recours à l’emprunt, le ratio d’endettement est de 60% supérieur aux villes de même strate, avec une imposition fiscale de 60% au-dessus du potentiel fiscal moyen. Ce qu’il faut retenir c’est qu’une ville comme Marmande, en fonction de ses ressources, mettra 11 ans à résorber une dette qu’elle devrait normalement apurer en 6 ans. Nous ne sommes pas dans le rouge mais nous en approchons. Nous avons une difficulté structurelle à dégager une épargne significative pour financer des investissements et un endettement relativement élevé, c’est la Cour des Comptes qui le relève. Nous avons pris du retard notamment dans l’assainissement «parce que rien n’a été fait pendant 50 ans» a déclaré Gérard Gouzes lors du dernier conseil municipal, mais faut-il rappeler qu’il est maire de Marmande depuis 30 ans ?

Pensez-vous que le rejet actuel de la politique gouvernementale aura une influence sur le local en 2014 ?
«Non, peut-être une incidence idéologique mais les électeurs jugent le candidat, son équipe et des projets. Prenez le cluster agro-ressources bois, il y a dix ans déjà, j’en parlais. On arrive à peine à le mettre en place aujourd’hui et encore, avec des bâtons dans les roues. L’homme politique doit avoir un rôle de catalyseur d’énergie.
Ce n’est pas tant la couleur politique de celui qui impulse un projet qui compte mais plutôt de savoir à qui ce projet va servir».

Avez-vous trouvé un accord avec Patrick Maurin et Didier Dutheil?...
«Quand on s’implique dans la vie politique locale et qu’on veut trouver une solution, il est normal qu’on ait envie d’être candidat. L’aspect à ne pas perdre de vue, c’est de savoir qui est le plus à même de porter les aspirations des électeurs. Il se trouve que j’ai été sollicité, qu’une union se dégage sous mon nom. J’ai d’abord refusé mais j’ai reconsidéré cette éventualité compte tenu du nombre de sollicitations et de la qualité de ceux qui m’en ont fait la demande. Patrick Maurin intègre l’équipe, il fera partie de mon staff de campagne de même que Philippe Labardin. Je suis dans l’attente que Didier Dutheil prenne sa décision. Concernant Laurence Valay, elle fait partie des gens essentiels que j’espère avoir à mes côtés».

Vous avez repris votre carte à l’UMP alors que vous en aviez démissionné. N’est-ce pas un peu trop téléguidé comme démarche ?
«Ma famille politique est à droite. J’ai le soutien de l’UMP qui regroupe à Marmande la droite et le centre d’où je viens, le centre des démocrates sociaux (CDS). J’ai fait la preuve de mon indépendance, mais ce qui prime c’est l’aspect local. On me dit que l’UMP m’imposera des noms sur la liste, je réponds qu’on ne m’imposera rien, qu’il y aura par contre de saines et franches discussions pour qu’un consensus et une unité soient trouvés».

Des noms ?
(Rire) «Non pas encore. On y travaille. Il y aura des gens de qualité aux bons postes».

Des gens de droite uniquement ?
«Tous ceux qui sont d’accord avec cette idée qu’il faut changer de gouvernance à Marmande seront les bienvenus sur la liste».

Quel rôle jouera «Convergences» dont vous êtes l’un des responsables ?
«Convergences est un formidable laboratoire d’idées, de réflexions parfois vives sur le plan de l’engagement mais qui doit garder cette indépendance de ton et donc ne sera pas associé à cette élection. C’est pour cette raison que nous avons ouvert le club à des personnalités de tous bords et que nous comptons bien accueillir Gérard Gouzes, non pas le 14 juin comme initialement annoncé, pour cause de réunions le même jour, mais plus tard».

Vous vous déclarez très tôt cette fois. N’est-ce pas trop tôt ?
«Gérard Gouzes s’est déjà prononcé, nos électeurs s’impatientaient de leur côté. Il est bon que la réflexion fasse son chemin. Ça n’avait jamais pu être le cas par le passé à cause de rivalités internes qui nous faisaient démarrer trop tardivement, j’étais UDF, j’avais le RPR contre moi. Et puis mars 2014 sera très vite là...».

                                                                                                                                Michel PRADEAU




BIO EXPRESS

Né le 17 septembre 1960 à Friedrichshaffen (Allemagne). Arrivé en Alsace à l’âge de 6 ans, la famille Benquet est revenue au pays natal du papa, les Landes. Daniel suit ses études de médecine à Bordeaux, devient interne des hôpitaux en 1987 et s’installe comme médecin généraliste à Marmande en 1989. Marié, père de cinq enfants il habite aujourd’hui à Marmande où il a son cabinet médical.

ACTIONS

Patrick Maurin
Le délégué UMP sur Marmande ville a été le premier à déclarer son intention de monter une liste à droite.
«Je suis conscient que Daniel Benquet a une expérience de la vie municipale que je n’ai pas. J’ai pris conscience de l’ampleur du travail pour moi qui découvre une gestion municipale. Je préfère me rallier à lui avec sagesse plutôt que de provoquer du remous en interne comme Marmande en a trop connu. J’apprends le job. J’ai rencontré Daniel, je le trouve très bien. Je pourrais dire que j’ai contribué à ce que tout le monde se retrouve main dans la main».

Didier Dutheil
Le conseil municipal d’opposition était candidat à la succession de Laurence Valay qui a souhaité se retirer. Le retour de Daniel Benquet est une pilule difficile à avaler, il la commente de manière laconique : «C’est l’expression normale d’un certain type de démocratie. Je réserve ma position face à ces convergences nouvelles» a-t-il déclaré.



Daniel Benquet en discussion avec Patrick Maurin. Ce dernier a accepté de se rallier à Daniel Benquet pour créer les conditions d’une union réussie à droite, en vue des élections municipales. (PHOTO LE REPUBLICAIN: MICHEL PRADEAU)

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